17 avril 2006

Fives Cail



Le 28 octobre 1924, derrière la rue Winston Churchill, des hommes moustachus et funambules élévent la centrale thermique de Lomme Marais. Non loin de là, un navire de briques rouges est d'ores et déjà condamnée à l'errance. Quelques années plus tard, à l'occasion d'une aventure qui m'amena à découvrir le quartier de Lille-Fives, je m'intéressais plus particulièrement à l'usine Fives-Cail, ex-mère nourricière d'une bonne partie de la population locale. Accompagné d'un guide liquidateur, dernier salarié du site en charge du démantèlement-démembrement, je pénétrais l'enceinte d'acier, vidée de son sang, blanche et silencieuse.


Fives Cail, par les rails j'ai tracé
Une géographie de l'acier
Dans le sillage du chemin de fer
J'ai dépassé les frontières

Fives cail, passe-muraille, j'ai conquis
Les plateaux de Sibérie
Envoyé les gens au ciel
Dans les ascenseurs de Dame Eiffel

Sans jamais quitter mon atelier
J'ai voyagé
Ulysse jalouse mon odyssée
Mais lui on ne l'a pas oublié

Fives Cail, sur les eaux, j'ai marché
En jetant des ponts sur le Nil
Du vieux Danube jusqu'à Tancarville
J'ai rapproché plus d'une rive

Fives Cail, vingt mille lieux sous les mers
J'ai croisé tes chenilles ouvrières
Avalant les kilos de terre
Un vrai tapis pour le R.E.R

Sans jamais quitter mon atelier
J'ai voyagé
Ulysse jalouse mon odyssée
Mais lui on ne l'a pas oublié

Fives Cail, ça déraille en sourdine
T'as perdu les clefs de ton usine
Mais sous tes pieds, raisonne encore
Les marteaux-pilons, le bruit des forges
Les marteaux-pilons, le bruit des forges

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A la façon dont je me lève, je sais comment je me coucherai. La lourde et froide grille métallique de fives cail s'est refermée derrière les ouvriers licensiés de fives Cail...Difficultés à se coucher, lits non défaits, réveils difficilles. Ce fut la fin de leur voyage ds cette usine...et le début du mien dans le pays des mots de "on se couche". en espérant qu'il sera long et merveilleux.